J’ai 16 ans. On me dit caucasien mais je né suis jamais allé dans le Caucase. Je suis grand, élancé presque dégingandé. J’aime rire, rire de la vie, rire de son cynisme. On me dit sensible, toujours le bon ami, jamais le bon amant. Pas un mec à fille. On me dit tendre… Je m’en fou, j’assume.
Bonjour, je m’appelle Louis.
J’ai 16 ans. Je suis beau, la coupe de cheveux qu’il faut, les pecs qu’il faut, le swag qu’il faut. Elles me veulent toute dans leur lit peut importe que je sois plus jeune, peu importe que je sois macho, peu importe que je né save pas grand chose. Tous ce qu’elles veulent c’est un mâle, un homme. Mais moi aussi j’aime bien Pokémon avec de la barbapapa… même s’il né faut pas le dire.
Est-on une femme parce qu’on aime danser, jouer avec ses cheveux ? Est-on défini par ses intérêts, ses passions ? Suis-je une femme parce que j’aime bien les chatons, que je confonds ma gauche et ma droite ? Suis-je toujours femme si j’aime partir à l’aventure, m’égratigner les genoux et que je déteste le rose ?
Je pense donc je suis, suis-je donc une femme parce que je pense ? Qu’est ce qui fait penser que je suis une femme ?
Suis-je une femme parce que je pleure un peu plus, peut-être un peu trop, parce que j’ai plein d’idées bizarres, parce que je n’aime pas beaucoup ?
Et si je m’aime quand même un petit peu, suis-je toujours une femme ?
Est-on une femme parce qu’on a des hanches, des seins, un vagin ? Est-ce mon corps qui définit mon sexe, mon sexe qui définit mon être ? Un corps de femme fait-il de moi une femme ?
Qu’est ce qu’un corps de femme ?
Un corps de femme doit il être rond et voluptueux ? fin et élancé ? Mou, tonique ? Petit, grand ? Suis-je moins femme parce que je né rentre pas dans un 40 ? Suis-je moins femme parce que j’aime bien mes poils ? Qui a décidé que pour être femme il fallait s’épiler ?
Le jour, Amsterdam est parée de maisons proprettes, au charme calme mais néanmoins rigoureux. Ses rues et ses canaux sont une invitation à la promenade et l’absence quasi complète de voitures nous place hors du temps. On est frappé par le nombre d’édifice religieux et le Béguinage nous tenterait presque de prendre l’habit pour avoir tout les jours droit à cette sérénité.
La nuit en revanche, Amsterdam se revêt de sa tenue de “bad girl”. Les rues se remplissent à la nuit tombée d’une foule de fête, l’air semble se remplir d’excitation et les squats de Spuistraat s’éveillent. Les néons criards du quartier rouge vous désorientent et les parfums capiteux des coffeshops vous étourdissent… Invitation délicieuse à la perdition, à l’aventure !
Et chaque jour, la métamorphose opère, sous l’oeil fasciné des touristes et celui bienveillant des amstellodamois. Car c’est bien ça le secret d’Amsterdam, bien plus que son contraste, c’est sa tolérance.
C’était un automne pluvieux alors pour me mettre au sec je me suis engouffrée dans un trou de lapin… Je venais d’entrer dans un repaire de monstres.
La lumière passait mal au travers des fenêtres poussiéreuses et mes pieds laissaient des empreintes sur le sol maculé. Maculé de quoi ? de souvenirs peut-être.
Je les observais mais c’est eux qui me contemplaient, du haut de leur métal, de leur usure, de leur âge… Leur forme, leur langage m’était inconnu… Pourtant ces monstres de fer semblaient attendre quelque chose de moi, que je les comprenne, que les plaigne, que je leur rende un peu de leur grandeur perdue…
Mais je né suis pas sur, je né suis pas sur de les comprendre. Après tout ce sont des monstres et les monstres font toujours un peu peur… Alors j’ai tiré leur portrait, dans la lumière de poussière, tout doucement pour pas qu’ils prennent peur ou né me morde.
Ils eurent l’air satisfait, et, lorsque je repoussais la porte vers la pluie, il y eu comme un frémissement, un soupir mélancolique…
Un soir d’été, un Tigrou est descendu du ciel avec sa fourrure d’étoiles et m’a murmuré qu’il voulait devenir mon compagnon. Il passa la nuit avec moi à me mettre des étoiles dans les yeux et des flèches d’argents dans le coeur. Au matin il partit.
Un soir d’automne, le Tigrou étoilé revint me voir et m’annonça que cette fois, il m’emmenait avec lui.
“Viens, dit-il, c’est un havre de paix dans ton monde d’adultes et, à l’automne, une vieille connaissance à moi y réside.… Par contre elle adore jouer à cache-cache ce sera difficile de la trouver.”
Nous partîmes au matin sans un regard en arrière pour la folie des Hommes.
Nous commençâmes à chercher sur la cime des montagnes, là où l’air est cristallin et le silence pur. Deux biches s’esclaffèrent de nous voir monter toujours plus haut car elles, elles savaient bien que notre ami avait déserté les sommets. En effet la neige avait repris son droit sur la montagne, plongeant dans un sommeil réparateur les arbres et les clairières. En descendant la bise nous souffla qu’il était toujours là, qu’il fallait se dépêcher car il avait remis pour l’occasion ses plus beaux atours et que nous n’avions plus qu’à suivre le vent et le chant du silence pour le dénicher.
Nous nous lançâmes sur les sentiers des racines de la montagne, suivant l’or et le rubis ; l’émeraude et la malachite. Mais le chant des oiseaux nous accompagnait toujours malgré que, par instants, il nous semblait l’apercevoir. À un moment nous crûmes un peu le toucher mais ce n’était qu’un rocher à l’oeil sévère, interrompu dans sa sieste automnale.
La pluie nous surpris à l’orée du bosquet aux lutins des bois. Trop tard pour leur dire bonjour. Il fallut repartir. La pluie né s’arrêta plus ; l’automne rutilant était parti, place maintenant à l’automne mouillé, à l’automne ami de l’hiver. Il fallut se faire une raison et retrouver la forêt de bitume des Hommes.
Cet été j’ai eu l’occasion de couvrir le mariage d’Aurélie et Franck ainsi que celui de Benjamin et Pauline. Ils eurent lieu à une semaine d’intervalle qui, drôle de coïncidence, se déroula dans la même salle des fêtes. Mon travail à consisté à photographier la préparation de la mariée, la mairie, l’église, les photos de couple pour le premier mariage et enfin la soirée.
Perdue de vue depuis 2 ans, Cassandre est enfin revenue ! Quel immense plaisir de la retrouver, même si cela fut dans des conditions toutes spéciales : initiation au naturisme.
“Bah alors ? Qu’est-ce que tu deviens ? C’est quoi tes études ? Où vis-tu ?”
Grande découverte : Cassandre fait partie de ces nombreux étudiants provinciaux qui vivent dans des espaces minuscules : 14m2 pour caser son 1m80, son chat, ses fringues, ses cours. “Et encore — me dit-elle — j’ai ma propre salle de bain !” Whaouuu ! on a presque envie de dire que c’est du grand luxe…
J’ai voulu traduire par la photo ce que pouvait être la vie des contraires : si grande dans un espace si petit. Et, au-delà de l’humour, montrer un quotidien rocambolesque pour suivre ses études. Pourquoi se plaindre ? On est monté à Paris !
Le 22 novembre je me suis fait opérer des yeux. J’avais — 2 à chaque oeil et d’un coup j’allais me retrouver à zéro ! J’étais impatiente… mais également dans beaucoup d’inquiétudes ! Après tout on allait toucher à mes yeux, ce qui me permet de voir, de m’exprimer, de photographier…
Voici, quelques jours avant l’opération, l’expression de mes craintes.
Il y a de fortes chances pour que ce travail aboutisse à une série… à méditer.
On arrive le lundi matin et là –surprise– il y a 10 torches Prophoto qui nous sont dédiées. Pendant une semaine on va pouvoir jouer avec ce qui se fait de mieux en lumière de studio ! !
Les deux premiers jours on reste entre nous. D’abord timide, je teste des portraits classiques en Noir et Blanc. C’est l’occasion de vraiment voir comment la lumière “tourne”. Et elle tourne bien !
Et puis on prend une certaine assurance ; on tente des trucs fous avec la lumière placée de manière improbable. C’est également la (re)-découverte des gélatines et des années 80. Audrey, en cobaye habituée se prête à toutes mes fantaisies (et elle me le rend bien !).
Au troisième jour, s’ouvre le travail avec des mannequins et une maquilleuse. On découvre l’envers du shoot : le stress d’un maquillage long (sans parler de la file d’attente : il y a quand même 6 filles à maquiller). On essaie de discuter, de détendre les modèles parce que ce n’est jamais agréable d’être matraqué par des flashs. On apprend aussi à les diriger dans leurs expressions, tantôt pensive, les cheveux aux vents ; tantôt hautaine et méprisante.
J’avais envie de montrer une dualité entre du noir et blanc plein de douceur et la couleur, beaucoup plus vive, beaucoup plus agressive. Le résultat forme une sorte de masque pas totalement humain mais pourtant plein de vie.
Recherché autour de la respiration. Ce n’était pas forcément un travail d’autoportrait : peu de gens apprécient de se noyer à moitié pour une photo.
C’est un travail en deux sessions. La première, positive, est une bouffée d’air : on remonte à la surface ( accessoirement la photo est prise du dessus). La seconde est le revers de la médaille(d’or ?), la noyade.
Une des commandes en histoire de l’art a été de faire une photo en reprenant les critères des mouvements artistiques : renaissance, baroque, maniérisme et… rococo.
Le rococo s’est développé à travers l’Europe au XVIIIe siècle. Il est principalement architectural, mais aussi pictural. La peinture Rococo se traduit par des couleurs vives et des formes rondes dans des scènes où règnent l’amour et la volupté.
Enfin un travail où mon corps “généreux” va avoir sa place !
2ème année d’école. On remet l’auto-portrait sur la table ! Histoire de voir l’évolution disaient-ils…
J’ai donc voulu continuer ce travail sur mon corps, cette introspection. Je n’y suis pas allée avec tendresse… Ce n’est pas comme si j’en avais eu souvent pour moi mais je n’ai pas cherché non plus à atténuer l’impact de ces images.
Les fleurs éclosent, les insectes infestent le jardin… Et surtout c’est les vacances !
L’occasion pour moi de rentrer dans ma campagne périgourdine ! ! Et l’occasion également de renouer avec mes débuts dans la photo : la macro-photographie ! Ça a beau être très éloigné de ce que je fais habituellement une petite macro au printemps, c’est toujours agréable !