J’ai 16 ans. On me dit caucasien mais je né suis jamais allé dans le Caucase. Je suis grand, élancé presque dégingandé. J’aime rire, rire de la vie, rire de son cynisme. On me dit sensible, toujours le bon ami, jamais le bon amant. Pas un mec à fille. On me dit tendre… Je m’en fou, j’assume.
Bonjour, je m’appelle Louis.
J’ai 16 ans. Je suis beau, la coupe de cheveux qu’il faut, les pecs qu’il faut, le swag qu’il faut. Elles me veulent toute dans leur lit peut importe que je sois plus jeune, peu importe que je sois macho, peu importe que je né save pas grand chose. Tous ce qu’elles veulent c’est un mâle, un homme. Mais moi aussi j’aime bien Pokémon avec de la barbapapa… même s’il né faut pas le dire.
Le 22 novembre je me suis fait opérer des yeux. J’avais — 2 à chaque oeil et d’un coup j’allais me retrouver à zéro ! J’étais impatiente… mais également dans beaucoup d’inquiétudes ! Après tout on allait toucher à mes yeux, ce qui me permet de voir, de m’exprimer, de photographier…
Voici, quelques jours avant l’opération, l’expression de mes craintes.
Il y a de fortes chances pour que ce travail aboutisse à une série… à méditer.
On arrive le lundi matin et là –surprise– il y a 10 torches Prophoto qui nous sont dédiées. Pendant une semaine on va pouvoir jouer avec ce qui se fait de mieux en lumière de studio ! !
Les deux premiers jours on reste entre nous. D’abord timide, je teste des portraits classiques en Noir et Blanc. C’est l’occasion de vraiment voir comment la lumière “tourne”. Et elle tourne bien !
Et puis on prend une certaine assurance ; on tente des trucs fous avec la lumière placée de manière improbable. C’est également la (re)-découverte des gélatines et des années 80. Audrey, en cobaye habituée se prête à toutes mes fantaisies (et elle me le rend bien !).
Au troisième jour, s’ouvre le travail avec des mannequins et une maquilleuse. On découvre l’envers du shoot : le stress d’un maquillage long (sans parler de la file d’attente : il y a quand même 6 filles à maquiller). On essaie de discuter, de détendre les modèles parce que ce n’est jamais agréable d’être matraqué par des flashs. On apprend aussi à les diriger dans leurs expressions, tantôt pensive, les cheveux aux vents ; tantôt hautaine et méprisante.
J’avais envie de montrer une dualité entre du noir et blanc plein de douceur et la couleur, beaucoup plus vive, beaucoup plus agressive. Le résultat forme une sorte de masque pas totalement humain mais pourtant plein de vie.
Recherché autour de la respiration. Ce n’était pas forcément un travail d’autoportrait : peu de gens apprécient de se noyer à moitié pour une photo.
C’est un travail en deux sessions. La première, positive, est une bouffée d’air : on remonte à la surface ( accessoirement la photo est prise du dessus). La seconde est le revers de la médaille(d’or ?), la noyade.